Écrit par Lauren-Rose Stunell

Dans la photo ci-dessus : Un homme et une femme métis en vêtements traditionnels présentent leur culture dans un camp métis construit de façon traditionnelle à Welland, en Ontario.

La série Découvrir les langues de l’ACPLS vise à susciter l’intérêt pour le plurilinguisme et le pluriculturalisme chez les apprenants de langues, les communautés scolaires et le public. Chaque langue en vedette est explorée dans un article de blogue et accompagnée d’une activité prête à l’emploi pour les enseignants de langues. Utilisez ces activités pour promouvoir et populariser l’apprentissage des langues chez vos élèves et les aider à développer des compétences interculturelles.

Taanishi! J’ai eu le grand honneur, en tant qu’alliée non autochtone, d’apprendre de nombreuses personnes et familles métisses de ma collectivité ainsi que des élèves métis dans ma classe. La langue michif, qui a des liens si étroits avec le français, me tient particulièrement à cœur. Ça a été très spécial pour moi d’établir des relations avec des locuteurs du michif et d’avoir le grand honneur d’écouter les aînés métis et les gardiens du savoir parler de l’importance de cette langue et de sa préservation.

Qui sont les Métis?

Le peuple Métis est un groupe autochtone qui couvre les Prairies canadiennes. Superficiellement, nous les connaissons peut-être comme des descendants d’hommes européens et de femmes autochtones, à partir du moment où les Européens ont établi des contacts avec les peuples autochtones en Amérique du Nord, qui ont mené à la traite des fourrures. L’histoire des Métis est étroitement liée à la traite des fourrures. Ce sont eux qui ont inventé le système de charettes de la rivière Rouge et les barges de York, qui étaient indispensables au transport de marchandises et à la chasse. Cependant, les Métis ont aussi une culture artistique vivante, des modes de connaissance intenses ainsi qu’une identité forte et unique.

Les Métis sont bien connus pour leur « gigue métisse » exaltante, qui a commencé dans les années 1800 comme une combinaison de danse autochtone et de gigue canadienne-française et écossaise. Connue sous le nom de « oayache mannin » en michif, la gigue métisse incorpore un jeu de pieds rapide et sophistiqué dansé sur l’air de violon de la « Red River Jig » (gigue de la rivière Rouge). Les Métis peuvent être identifiés par leurs emblèmes traditionnels, y compris la ceinture fléchée (arrow sash ou Métis sash en anglais), utilisée par les voyageurs pour attacher leurs bateaux ensemble pendant les expéditions. La ceinture est éclatante, chaque couleur est un symbole ayant une signification profonde. Par exemple, le blanc représente le lien avec le territoire, la terre et le Créateur.

Dancers perform the Métis Jig
Des danseurs exécutent la gigue métisse à la remise des Belcourt Brosseau Métis Awards (BBMA). Ici, vous pouvez voir les magnifiques couleurs de la ceinture fléchée des Métis portée différemment par les hommes et les femmes.

Préserver la langue michif et la tradition orale

Le michif est la langue parlée par les Métis de l’Amérique du Nord, ou de l’île de la Tortue. Comme les Métis sont un mélange unique d’ascendance européenne et autochtone, il n’est pas surprenant que la langue michif le soit aussi. En fait, le mot Métis vient du latin qui signifie « mélangé ».

Si vous parlez français comme moi, les phrases suivantes pourraient vous être familières : « Boon matayn », « Boon apray mijii » et « Boon swayr ». C’est parce que le michif combine des verbes cris avec des noms français! En français, on dit « bon matin ». En michif, c’est « Boon matayn! » L’orthographe est unique puisque la langue michif est une tradition orale qui n’est écrite que par les Européens.

Il existe différentes variétés de la langue michif : le michif-français, principalement basé sur le français avec un mélange de mots algonquiens, et le michif du Nord, basé sur le cri avec un petit nombre de mots empruntés au français. Tout comme les différents dialectes et vocabulaire de n’importe quelle langue, le michif est unique à la nation et à la région où vivent les locuteurs.

A Michif-French dictionary
Un dictionnaire michif-français : Vous pouvez voir que beaucoup de noms en michif sont empruntés au français. Par exemple, le mot « jardin » en michif est « jardin », le même mot en français. Cependant, le mois de février est « fevryi », une orthographe et une prononciation uniques avec la même racine que le mot français « février ».

Pourquoi préserver les langues autochtones?

En tant qu’éducateurs, comment pouvons-nous redonner vie dans notre classe à des langues en voie d’extinction comme le michif tout en honorant notre rôle dans la vérité et la réconciliation? En tant que professeurs de langues, nous devrions ouvrir un espace pour que toutes les langues puissent se développer et s’épanouir dans nos classes. Cela nous permettra d’établir des relations avec des apprenants de diverses origines, de développer notre propre pratique d’enseignement adapté à la culture ainsi que d’honorer les langues et les peuples autochtones du territoire où nous enseignons et apprenons.

L’écoute de la langue michif inspire une vive gratitude pour les contributions des Métis et des peuples autochtones de l’île de la Tortue et pour les connaissances uniques qui sous-tendent leurs récits et leurs enseignements. Selon la Nation Métisse de l’Ontario (NMO), seulement de 5 à 10 % des Métis parlent le michif, et la plupart d’entre eux sont des aînés.

Comme les animaux, les langues peuvent aussi disparaître, et quand elles le font, il peut être impossible de les faire revivre. Dans ses 94 appels à l’action, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a demandé au gouvernement du Canada de fournir des fonds suffisants pour la revitalisation et la préservation des langues autochtones. Quel rôle pouvez-vous jouer pour aider à préserver ces belles langues et cultures dans votre classe? Vous pouvez commencer par un simple « Taanishi »!

Préservation de la langue : créer une classe adaptée à la culture par l’appartenance et l’identité

Description de la leçon

45 à 60 minutes

À la fin de cette leçon, les élèves de tous âges seront capables de reconnaître qui ils sont et de préciser la signification de leurs origines, ainsi que les racines, les langues, les récits et les histoires qui les façonnent en tant qu’êtres humains. Ils seront en mesure de créer des liens authentiques et de développer une compréhension du peuple Métis ainsi qu’une conception des langues comme étant le fondement de la culture et de l’identité.

Cette leçon a été conçue pour les élèves du primaire supérieur (4e à 6e année). Cependant, elle peut être adaptée pour les apprenants de la maternelle au postsecondaire. Cette leçon peut également être utile pour les enseignants en formation initiale qui établissent des relations avec les apprenants et développent leur pratique en tant qu’éducateurs.

Dans cette leçon, les élèves seront invités à réfléchir d’abord à leur propre identité et à leur propre culture avant d’établir des liens avec celles des langues autochtones comme le michif. Cela leur donnera l’occasion d’explorer, d’apprendre du nouveau vocabulaire ainsi que de préserver et d’honorer la langue michif.

Cette leçon nécessite l’accès au matériel suivant :

  • Tableau intelligent ou projecteur permettant aux enseignants de présenter l’activité
  • Technologie pour les apprenants
  • Feuille de travail pour chacun des apprenants ou pour chaque groupe (s’il s’agit d’une activité de groupe)

Introduction à la leçon

Commutation de code, translanguage et mots intraduisibles

L’enseignant(e) commence la leçon en accueillant les élèves en michif-français : « Taanishi les élèves! » et « Boon Zhoor les amis! ». Vous pouvez également demander aux élèves d’emboîter le pas et de se saluer mutuellement en michif du Nord à l’aide de la vidéo suivante :

Quelles autres façons de dire bonjour connaissons-nous? (Les élèves peuvent partager les façons qu’ils connaissent de dire bonjour à la maison, à leurs ancêtres ou dans d’autres contextes linguistiques.)

L’enseignant(e) explique que le michif est une langue autochtone parlée par le peuple Métis de l’île de la Tortue. L’histoire du peuple Métis peut être racontée à l’aide des informations contenues dans l’article ci-dessus.

Servez-vous des questions suivantes comme accroches pour inciter les apprenants à créer une communauté de sensibilisation et de respect culturels alors que les élèves commencent à partager leur identité et les aspects de leurs cultures uniques. Ces questions peuvent également être posées dans un format « réfléchir-jumeler-partager » (think-pair-share en anglais). Les questions peuvent également être traduites par l’enseignant(e) dans la langue cible pour une adaptation à des paramètres linguistiques uniques et personnels.

  • De quel pays venez-vous? Si vous venez du Canada, vos ancêtres sont-ils originaires d’autres pays?
  • Quelle(s) langue(s) parlez-vous à la maison?
  • Pouvez-vous nous apprendre à dire « Mon nom est… » ou « Comment allez-vous? » dans votre langue?

Avec une base de compréhension de l’apprenant, les questions peuvent être enrichies comme suit :

  • Pourquoi la langue que vous parlez est-elle importante pour votre identité?
  • Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la langue que vous parlez?
  • Comment vous sentiriez-vous s’il vous était impossible de parler la langue de votre pays d’origine?

La langue michif n’a pas de mot qui se traduit exactement par « Au revoir ». Au lieu de cela, nous disons « Mína ka wapamitin », « Je vous reverrai », ou « Pekiwke ahpi », « Venez nous rendre visite ». Y a-t-il des élèves dans la classe qui parlent des langues semblables?

Ces questions pourraient susciter une discussion sur les langues orales et ce que signifie partager des récits oralement et les transmettre de génération en génération.

Déroulement de l’activité

Les enseignant(e)s qui ont de jeunes élèves devraient commencer par leur montrer comment naviguer sur le site Web et chercher l’information qu’ils souhaitent trouver. Ils peuvent avoir besoin que l’enseignant(e) effectue le modelage des résultats attendus de la leçon avant de travailler individuellement. L’enseignant(e) peut choisir de modeler leurs réponses aux questions afin de fournir aux élèves un exemple de ce qui est attendu d’eux. Cela offre également une occasion d’établir des relations et de bâtir une communauté d’enseignement et d’apprentissage adaptés à la culture.

Chaque apprenant devrait avoir accès à la technologie pour réaliser l’activité :

Conclusion et extension de l’activité

L’enseignant(e) peut choisir de demander aux élèves de communiquer leurs découvertes dans une discussion en classe avant de les inviter à formuler un engagement de classe. La Commission de vérité et réconciliation du Canada a publié les 94 appels à l’action pour veiller à ce que les besoins des peuples autochtones soient satisfaits aujourd’hui, après une histoire de 500 ans de colonisation qui a porté atteinte aux peuples autochtones, à leurs langues et à leurs cultures. L’appel à l’action no 14 demande au gouvernement du Canada de respecter les droits linguistiques autochtones. En tant que classe, comment pouvez-vous vous engager à travailler à la préservation des langues autochtones? Comment chaque élève peut-il travailler à acquérir une compréhension de langues comme le michif? La classe pourrait, par exemple, créer une vitrine communautaire en vue de présenter leurs engagements.

Utilisation de l’activité auprès de publics plus âgés

Pour les publics du secondaire et du postsecondaire, les étudiants et les enseignants en formation initiale pourraient être invités à créer une activité similaire dans leur langue ou la langue de leur choix. Ils peuvent être mis au défi de faire des recherches sur le traité ou les terres autochtones où est établi leur établissement et de créer une infographie pour les langues autochtones parlées dans leur région. Par exemple, le nom des Pieds-Noirs pour Calgary est « Mohkintsis ». Calgary est située sur les terres visées par le Traité no 7, le territoire traditionnel de la Nation des Pieds-Noirs. Quelle est l’histoire de la langue des Pieds-Noirs, et quels sont les récits et la culture propres à ce territoire?

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